Le Falstaff

Falstaff est un personnage du théâtre anglais, gras, lâche, alcoolique...
Symbole de tous les vices et faiblesses humains, il n’en reste pas moins une figure extrêmement sympathique qui sait s’attirer les faveurs des autres personnages ainsi que des spectateurs. Au delà de ses nombreux défauts, son intelligence lui permet de sortir des situations gênantes où il se retrouve. Personnage type du théâtre shakespearien, il n’en reste pas moins l’un des plus drôles.

Sa vie n’est que couardise : vivant de ses vols, il disparaît quand la situation risque de lui être préjudiciable. Il soutient une maxime de vie totalement opposée à la morale chevaleresque : il place sa vie au dessus de tout et surtout au dessus de l’honneur :

« l’honneur remet-il une jambe ?… Un bras ? Non ! Ou supprime-t-il la douleur d’une blessure ? Non !  Alors l’honneur n’a pas de compétence chirurgicale ? Non ! Qu’est-ce que l’honneur ? Un mot. … Du vent [….] L’honneur  n’est  qu’un écusson funéraire ».  Henri IV,V, 1.

En cela, ce personnage est directement inspiré d’une lettre d’Epicure : La Lettre à Menecée. Ce livre illustre la philosophie d’Epicure. On y retrouve notamment l’idée que l’honneur et la gloire sont des faux-biens qui n’assurent pas la survie d’un individu mais au contraire, le contraignent et peuvent le rendre malheureux. Néanmoins, sa vie n’est qu’excès, ce qui va contre les préceptes épicuriens.

Il cherche donc à rester en vie par tous les liens, même la feinte de la mort. Pour ce personnage, toutes les expressions de la vie sont des démonstrations du vivant. Feindre la mort, c’est encore être vivant.

 « En mourant on devient une contrefaçon, car celui qui n’est que la contrefaçon d’un homme, c’est celui qui n’a pas la vie d’un homme. Mais demeurer en vie en contrefaisant la mort ce n’est pas être une contrefaçon mais l’image véridique et parfaite de la vie. Le meilleur courage est dans le discernement grâce auquel j’ai pu sauver ma vie. Morbleu ! » Henri V, 4, 110.

Sir John Falstaff peint par Eduard von Grützner (huile sur toile, 1921)