Spartacus

Caractéristiques du film :

-Titre : Spartacus
-Genre : Péplum
-Pays d'origine et date de sortie : États-Unis - 1960
-Réalisation : Stanley Kubrick
-Scénario : Dalton Trumbo
-d'après : le roman Spartacus de Howard Fast
-Production : Bryna Productions
-Acteurs :
Kirk Douglas (Spartacus),
Laurence Olivier (Marcus Licinius Crassus),
Jean Simmons (Varinia),
Charles Laughton (Sempronius Gracchus),
Peter Ustinov (Lentulus Batiatus),
John Gavin (Jules César),
Tony Curtis (Antoninus)
-Producteur exécutif : Kirk Douglas
-Durée du film: 3h09

 

Résumé :

Spartacus est un film de Stanley Kubrick co-produit avec  Kirk Douglas. Le film s'ouvre sur une musique épique. Le générique présente diverses statues romaines, permettant de nous plonger dans l'univers antique, typique du péplum. Le film se déroule pendant la période de l’Empire Romain, en 73 avant J-C.. On arrive dans une mine en plein air de Libye. De nombreux esclaves y travaillent, leur peau est noire de brûlures dues aux coups de soleil et est couverte de cicatrices dues aux coups de fouet. Spartacus (Kirk Douglas) y est esclave. Le personnage est présenté comme un "gentil", qui aide ceux dont la vie est menacée et qui se fait maltraiter par ses gardes. Un autre aspect du personnage est sa volonté de révolte : il mord la cheville d'un garde jusqu'au sang.

Lentulus Batiatus (Peter Ustinov) arrive alors dans la mine. Il est à la recherche pour son commerce de futurs gladiateurs. C'est un homme avide de richesse, qui se plaint des conditions de son voyage et du prix de celui-ci. Il achète quelques esclaves dont Spartacus.

Le héros est alors entrainé dans une école de gladiateurs à Capoue, où il fait preuve de beaucoup d'adresse. Les nouveaux arrivants sont bien traités. Ils peuvent se laver, manger à leur faim et s'ils sont performants, ont le droit à une esclave. Un jour, Spartacus est récompensé et on lui amène une servante. On lui présente alors Varinia (Jean Simmons). Il se montre très doux, sensible et compréhensif à son égard.

Un personnage important vient quelques temps après. Il s'agit de Marcus Licinius Crassus (Laurence Olivier), un sénateur romain très riche. Il est le premier général des armées de Rome. Il est venu pour satisfaire son épouse ainsi que son beau-frère qui est lui-même accompagné de sa femme. Il achète quatre gladiateurs et demande à ce qu'ils se combattent à mort. Crixus, un ami de Spartacus, lui demande s'ils doivent se battre l'un contre l'autre s'ils sont choisis. Il lui répond que pour protéger leur vie, ils sont obligés de se battre. Pendant ce temps, sur un ton plus léger, les invités discutent du mariage du beau-frère de Crassus, Glabrus. Crassus offre à son beau-frère le commandement de la garnison de Rome. Ensuite, Crassus achète Varinia qu'il trouve très intéressante.

On assiste alors à deux duels à mort. Spartacus affronte Draba, un éthiopien lors du deuxième combat. Il est vaincu mais son adversaire refuse de le tuer et attaque les visiteurs. Il essaye de monter dans la loge mais Crassus le tue d'un coup de dague.

Le lendemain, Spartacus apprend que Varinia a été vendue. Il fait alors éclater une révolte en tuant Marcellus. Presque tous les gladiateurs arrivent à s'échapper, accompagnés de divers esclaves. Ils s'organisent alors autour de Spartacus. En effet, il y a une scène où les anciens gladiateurs font combattre deux nobles dans l'arène. Spartacus s'y oppose, disant qu'ils ne peuvent pas faire subir ce qu'on leur a fait. Au contraire, il faut fonder une armée pour libérer d'autres esclaves. Il prévoit de quitter l'Italie à l'aide de bateaux ciliciens. Il retrouve un soir Varinia qui s'était échappée. Elle portera l'enfant de Spartacus.

Au même moment, Gracchus (Charles Laughton), adversaire de Crassus, propose d'envoyer Glabrus réprimer les révoltes provoquées par le groupe de Spartacus, réfugié sur les flancs du Vésuve. A ce moment, César (John Gavin) allié et ami de Gracchus, contrôlerait les armées à Rome. Au moment de partir, Antoninus (Tony Curtis), esclave de Crassus décide de s'échapper après une scène avec une forte connotation charnelle :
Crassus alors dans son bain, fait discrètement allusion à son goût sexuel aussi bien pour les hommes que pour les femmes à travers une métaphore gastronomique.
Crassus – As-tu jamais volé, Antoninus ?
Antoninus – Non, maître.
Crassus – As-tu jamais menti ?
Antoninus – Pas, si je peux l’éviter.
Crassus – As-tu jamais déshonoré les dieux ?
Antoninus – Non, maître.
Crassus – Te refrènes-tu de ces vices par respect des vertus morales ?
Antoninus – Oui, maître.
Crassus – Manges-tu des huîtres ?
Antoninus – Lorsque j'en ai, maître.
Crassus – Manges-tu des escargots ?
Antoninus – Non, maître.
Crassus – Considères-tu que c'est moral de manger des huîtres et immoral de manger des escargots ?
Antoninus – Non, maître.
Crassus – Bien sûr que non. Tout est une question de goût, n'est-ce pas ?
Antoninus – Oui, maître.
Crassus – Et le goût n'est pas semblable à l'appétit et donc n'a aucun rapport avec la moralité, n'est-ce pas ?
Antoninus – Cela pourrait sans doute se discuter, maître.
Crassus – Ça suffit. Mes vêtements, Antoninus. Pour satisfaire mes goûts... il me faut des huîtres et des escargots.

Puis il dit : « Là, mon garçon, c'est Rome…, la puissante, la majestueuse…, nul ne peut résister à Rome… et moins encore un jeune garçon. Il faut la servir, courber la tête devant elle, ramper à ses pieds, il faut l'aimer. ».

Le camp s'organise et une belle scène montre Spartacus expliquer à Antoninus qu'il y a un temps pour tout. La guerre et les combat sont, au mieux, aussi importants que la poésie. Spartacus négocie par la suite avec un Cilicien pour arranger le voyage. Il promet d'être dans 7 mois sur la côte sud-est de l’Italie.
Les armées rebelles massacrent l'armée de Glabrus qui voulait les attaquer le lendemain. Ce dernier est renvoyé au Sénat pour transmettre la volonté de liberté et de quitter le pays du groupe esclave. Crassus décide en tant qu'ami de Glabrus de se retirer de la vie politique, mais Gracchus crie au scandale en disant que cela n'est qu'une stratégie politique en vue de se rendre dictateur. Par la suite, d'autres troupes sont envoyées contrer les rebelles mais toutes sont vaincues. Le sénat proclame Crassus commandant des légions afin qu’il combatte Spartacus. Son prix était néanmoins d’être aussi rendu dictateur. Il s’arrange avec les pirates pour qu'aucun navire ne soit disponible. Mais par ailleurs, Gracchus a fait affaire avec les pirates ciliciens. Il arrive à un accord pour que Spartacus parte avec quelques privilégiés. De cette façon, personne ne dirigera le groupe esclave et l’affrontement est évité. En fonction du choix de Spartacus, l'un ou l'autre consul aura ou non une position politique importante.

Quand enfin, les esclaves arrivent sur la côte, à Brandunsium, le marchand leur apprend que la flotte a déjà appareillé par menace des romains. Le Cilicien propose à Spartacus de le sauver lui avec quelques privilégiés. Cette offre est refusée et les rebelles sont contraints à remonter vers Rome pour pouvoir affronter une seule armée au lieu de deux.

L'affrontement débute mais les armées de Pompée et de Lucullus arrivent en renfort prenant Spartacus de court ; l'armée esclave subit une défaite cuisante. Le combat est un massacre et Crassus en marchant sur le champ de bataille observe un champ de morts. Il trouve Varinia qu'il emporte avec lui. Il demande ensuite aux survivants d'identifier Spartacus, tous crient alors "I am Spartacus".  Tous sont donc crucifiés, exposés sur la voie Appienne. Antoninus et Spartacus sont réservés pour la fin des crucifixions, aux abords de Rome.

Batiatus est alors commandé par Gracchus d'enlever Varinia, que Crassus garde chez lui. En effet, le dictateur s'éprend d'un amour puissant pour elle.
Crassus fait combattre Antoninus et Spartacus quand il ne reste plus qu'eux à crucifier, en offrant la croix au vainqueur. Spartacus tue Antoninus, se condamnant à une mort pénible et lente.
Finalement Gracchus vole la femme de Spartacus
avec l'aide de Batiatus. Il l'envoie ensuite en Gaule avant de se donner la mort. Varinia sort de la ville et voit Spartacus, elle est heureuse de le revoir et lui montre son fils pour la première et dernière fois, avant de repartir avec Batiatus.

 

Analyse dans l'aspect de Servitude et Soumission, certainement l'un des sujets les plus développés dans Spartacus :

Le film Spartacus présente une réflexion approfondie sur la dialectique du pouvoir, la question de l'amour et enfin la servitude et la soumission dont découle alors la question de la liberté.

La question des femmes :

Dans l'œuvre Spartacus, les femmes sont présentées sous un seul aspect : celui de la femme dévouée, d'un amour absolu et sacrificiel. Aucune femme n'est présente dans le Sénat et les seules actrices sont des servantes ou des esclaves. Les personnages riches maltraitent souvent les femmes, à l'instar de Batiatus. Ce dernier achète de nombreuses esclaves qu'il dénigre. Il en offre à de multiples gladiateurs, se posant tel un proxénète.
D'autres hommes comme Gracchus voient les femmes comme des servantes, prêtes à satisfaire leurs désirs. Il n'accepte pas la tristesse dans sa maison, qu'on pourrait presque voir comme un harem.
Sans son consentement, Glabrus voulait regarder sous la robe de Varinia en soulevant le bas des tissus.
Finalement, Crassus, lui, voit dans la femme un objet, qui doit lui apporter son amour. Varinia ne voulant absolument rien donner, Crassus est obligé de prendre et d'imposer ce qu'il désire. Il la prend par la main pour l'emmener quelque part ; il est condescendant envers elle en la rabaissant, la traitant de 'femme' : "a woman's question". L'amour est humanisé, la femme objetisée ayant pour seule caractéristique de porter l'amour. Il ne veut pas Varinia mais son amour : "I want your love Varinia".

Au contraire, Spartacus lui connait la condition d'asservissement. Il respecte la femme et son amour, mais au lieu de vouloir l'amour de l'autre, il offre le sien.  L'amour véritable apparait ici comme celui qu'on offre à l'autre, dans une égalité permise par la réciprocité du don.

 

La question du pouvoir :

Nous avons dans ce film une description assez précise du pouvoir. La politique est présentée comme un jeu d'échecs où chacun avance ses pions et où seule la victoire finale compte. On remarque que le sol du Sénat est effectivement un damier. Ceux qui réussissent à gagner la partie sont couverts de gloire, les autres n'ont d'autres échappatoires que la mort. C'est en cela que la politique est ici vicieuse, car tous les personnages, ayant perdu, sont morts. Par exemple, Gracchus est la victime lucide et malheureuse du hasard politique. Il s'offre la mort suite à sa défaite politique.

Ce film pose aussi la question de l'objectif du pouvoir. Gracchus dit qu'il vaut mieux une société libre et légèrement corrompue qu'une dictature. La corruption apparait ici comme un moindre mal nécessaire. La politique a pour objectif de créer une société qui vit dans le meilleur des mondes possibles. Cela peut parfois prendre des allures perverses : un peuple devrait préférer sa liberté à la solution d'une famine. Pour cela, tout est donc permis : "La politique est l'art du pratique".

D'un autre côté, il existe une force associée à la volonté de liberté et à l'absence de peur vis à vis de la mort. Spartacus explique au Cilicien l'origine de leur force en ces termes : "But a slave and a free man lose different things. When a free man dies, he loses the pleasure of life. A slave loses his pain".
C'est pourquoi, ils peuvent vaincre n'importe qui : "We can beat anything they send against us if we want to". La volonté d'être libre donne un courage et un zèle très puissants. L'absence de peur de la mort enlève les limites de l'homme, qui n'est plus borné à ses capacités mortelles. Puisque la mort n'est plus une frontière, les anciens esclaves passent dans le groupe des immortels.

C'est d'ailleurs de cela dont Crassus a peur. Sur un autre registre, Crassus a peur de l'immortalité de Spartacus. Les personnes immortelles deviennent extrêmement puissantes et respectées, mais aussi enviées. Elles possèdent une immortalité par la renommée qu'ils ont acquise. La peur du personnage se manifeste par sa volonté d'avoir la femme de Spartacus mais aussi quand il décide de brûler son cadavre et de faire voler ses cendres. Il veut faire disparaitre son existence. "you're afraid of him, aren't you? that's why you want his wife...".

Finalement, le pouvoir de la masse est décrit. Spartacus dit qu'il est important de se soulever pour avoir ses droits, et qu'en faisant cela, d'autres réagiront. La masse peut ne pas toujours gagner, mais à force, elle a un gros impact.

La question de la servitude et de la soumission :

Ici, tous les personnages sont dans la servitude. Les femmes dans celle des hommes, les hommes politiques dans celle de leurs adversaires, les esclaves de leur maître. Nous allons distinguer les divers cas possibles.

La société romaine est dans l'obnubilation de sa force et sa pureté. Le peuple est donc servile de ses propres passions. L'empire est présenté comme glorieux, civilisé et prospère. Pourtant, les romains mettent en esclavage de grandes masses de populations. Il est dit dans le film qu'il y a plus d'esclaves à Rome que d’habitants ! Il parait alors contradictoire d'allier civilisation et esclavagisme. Les esclaves ne sont pas considérés comme des hommes. Par exemple, Batiatus ne s'adresse pas directement aux esclaves, il passe par un intermédiaire, le capitaine ; On marque les esclaves au fer rouge comme des animaux ...
D'une certaine façon, ce peuple est soumis. En effet, il est conscient de ses vices et les cultive : Quand Batiatus rejoint Gracchus, il s'adresse à lui en parlant de ses faiblesses: la nourriture et les femmes. Gracchus lui répond que cela rend un homme meilleur : "Corpulence makes a man reasonable pleasant and flegmatic".

Les personnages politiques sont soumis les uns aux autres mais aussi des choix des divers personnages. La chute de Gracchus et la gloire de Crassus sont par exemple permises par Spartacus.

Les esclaves et les gladiateurs sont dans la servitude. Les gladiateurs voient leur identité reniée et deviennent des animaux de foire; les servantes deviennent des machines à répondre aux besoins des hommes. Dans tous les cas, leur liberté est reniée. La peur est créée et maintenue pour figer cet ordre. Les crucifixions massives de la fin du film où la peur d'affronter un ami dans l'arène en témoignent.

Enfin, les femmes présentent une situation comparable à celle des esclaves et ce, quelle que soit leur classe sociale. Elles doivent toujours rester conformes aux désirs des hommes.

 

Anecdote :

Dalton Trumbo est le scénariste du film.  Trumbo a été emprisonné au début des années 50 lors de « la chasse aux sorcières », en raison de ses opinions communistes. Il faisait donc partie de la célèbre Liste Noire.

 

Bande Annonce :

Spartacus Official Trailer #1 - Kirk Douglas, Laurence Olivier Movie (1960) HD

A contribué à l'article :

Cornelius

Date de dernière mise à jour : 09/07/2017

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