Créer un site internet

Melancholia

Caractéristiques du film :

-Titre :Melancholia
-Genre : S-F Drame
-Pays d'origine et date de sortie : Danemark/Suède - 2011
-Réalisation : Lars Von Trier
-Scénario : Lars Von Trier
-Production : Zentropa
-Acteurs :
Kirsten Dunst (Justine)
Charlotte Gainsbourg (Claire)
Kiefer Sutherland (John mari de Claire)
Charlotte Rampling (mère de Justine et Claire)
John Hurt (père de Justine et Claire)
Alexander Skarsgård (Michael)
-Producteur exécutif : Peter Garde et Peter Aalbaek Jensen
-Durée du film: 2h10

 

Résumé :

Le film est composé de trois parties : le prologue, la partie 1 « Justine » et la partie 2 « Claire ».Le prologue : il s’agit d’un condensé de 8 minutes du film.
Comme à l’opéra, le prologue vise à donner la couleur du reste : la lenteur des extraits donne un caractère onirique aux passages, on se trouve dans le domaine du rêve. Ceci est renforcé par la musique qui s’égrène tout le long du film. Il s’agit d’un passage de Tristan et Yseult de Wagner. Ceci est très important car la prélude de cet opéra constituera un leitmotiv pour le film.

Leitmotiv du film

Wagner: Tristan und Isolde - Prelude

Le prologue se termine sur l’explosion de la Terre par Melancholia, dont on apprend l’existence plus tard dans le film. De fait, la fin de l’histoire nous est révélée, avant même qu’elle ne commence. Cela tue tout suspens, épargnant l’angoisse et donc toute possibilité de catharsis.
Les deux parties qui suivent apparaissent comme une rationalisation du prologue.

La partie 1 décrit une fête somptueuse dans la demeure de Claire, en l’honneur de sa sœur Justine qui s’est mariée dans la journée. Pourtant, les mariés arrivent en retard à la soirée à la cause d’un incident mineur : la limousine n’arrivait pas à passer dans les chemins étroits. On fait la connaissance lors du diner des personnages liés aux deux sœurs :
-le père : enfantin, il est fantasque.
-la mère : anticonvenante et anticonformiste, elle est aigrie et odieuse envers ses filles.
-le beau frère de Justine : matérialiste, il est avare et cupide.
-l’employeur de Justine : il fait preuve d’une avidité cynique.

La partie 1 se termine mal. Justine n’est pas présente au mariage, on assiste d’abord à une désertion mentale puis physique de sa part. Elle subit la fête et refuse de respecter les convenances auxquelles sa sœur tient tant, comme couper le gâteau du mariage ou le lancer de lanternes volantes. Tout se brise alors dans sa vie, de son travail à son mariage en passant par sa relation avec ses parents.

La partie 2 est située temporellement après le mariage. Le style de cadrage et les décors sont plus épurés. Les scènes sont toujours tournées dans le château, mais cette fois-ci du côté cour.
Cette partie nous parle de Melancholia. Il s’agit d’une énorme planète qui doit frôler la Terre avant de continuer sa route.
Dans la sphère familiale, Justine souffre d’une étrange dépression tandis que Claire est angoissée par la venue de Melancholia. La sœur a peur que cette dernière touche la Terre, détruisant la vie qui s’y trouve. Dun côté, Claire fais des recherches sur Internet, où elle trouve des discours apocalyptiques. De l’autre, on assiste à des paroles rassurantes de son mari qui lui assure que les scientifiques ne se trompent pas. Enfin entre les deux, dans sa mélancolie,
Justine est convaincue que la fin de l’humanité est proche et qu’il faut s’y résigner.
Malheureusement pour Claire, Justine et les prophètes d’Internet avaient raison, et après un premier passage et un éloignement temporaire de Melancholia, elle se rapproche dangereusement. Le film se termine alors sur la vue de Justine, Claire et son fils, caché dans une tente faite de quelques morceaux de bois posés les uns contre les autres.


            Melancholia pre choc

Comme le prologue l’avait annoncé, Melancholia heurte de plein fouet la Terre.

 

Analyse :

Avec Melancholia, Lars Von Trier semble avoir eu pour projet un huis-clos psychologique à l’intérieur d’une demeure princière. Alliant le microcosme familial à un cataclysme planétaire, il lie l’intime au cosmique.

 

La Mélancolie :

On peut d’abord se demander pourquoi avoir choisi ce titre pour le film ? Justine est indifférente face à sa fin et à celle de l’humanité. Elle semble proclamer une hyper lucidité consécutive à un état qui a déjà envisagé le pire. 
L’astre Melancholia semble être l’incarnation ou l’expression de la colère et de la dépression de Justine. Cette dernière a en effet le désir que tout s’arrête, puisque rien n’est digne d’exister. On observe le lien qui existe entre ces deux figures sur le plan de la destruction : toutes deux ont ce pouvoir destructeur, l’une dans la première partie et l’autre dans la deuxième. On peut aussi voir un lien presque sexuel entre la planète et Justine, quand elle se couche sur l’herbe pour se donner à l’astre.

Selon Hippocrate, il existe quatre tempéraments propres à l’être humain. (La théorie des humeurs d’Hippocrate).
La mélancolie est un excès de bile noire dans sa théorie des humeurs. Cet excès provoque un sentiment puissant de tristesse et de détachement par rapport au monde. Le sujet en ressent la vanité inhérente. Néanmoins, le mélancolique a alors accès à des connaissances, lui permettant d’être sage et de dépasser les étapes douloureuses de la vie.
Pourtant aujourd’hui, ce terme désigne plutôt un état dépressif. 
Justine est au croisement de ces deux définitions, étant d’un côté dans un état de tristesse tel qu’elle n’a pas la force de lever une jambe mais aussi dans une forme de lucidité où elle sait : elle connait le nombre de haricots de la tombola du mariage, elle sait que la vie ne se trouve que sur Terre et que bientôt il ne restera que le néant. Elle serait dans un état de tension entre l'exaltation et l'abattement, ayant une conscience exacerbée de la vie et horrifiée par la mort. Justine est clairvoyante. Dans le prologue, une des images montre Claire, son fils et Justine dans la cour devant le château avec au dessus d’eux dans le ciel trois astres :
Melancholia/Justine
Lune/l’Enfant
Soleil/Claire

On associe souvent l’apparition simultanée de la lune et du soleil comme un symbole chrétien de la crucifixion. Lars Von Trier rajoute sa propre planète Melancholia et définit alors un culte de la mort. Justine associée à cette planète est un ange annonciateur de la mort qui se pose en prophète, avançant sans peur.

                           

Finalement, il faut nuancer un point important. On distingue en règle générale la "mélancolie noire", sorte de mélancolie dépressive morbide, à celle "blanche" au sens ou l'entend Goethe : "Selig, wer sich vor der Welt ohne Hasse verschliesst" [Heureux celui qui se ferme au monde sans haine].

 

La fête :

Le mariage fonctionne comme une métonymie du système social dans son ensemble. Il est la manifestation des mécanismes par lesquels la société affirme et expose les codes qui la régissent.
On se croirait dans l’intimité familiale mais on est, en réalité, exposé au public de tout part. On cherche alors à paraitre, bien que de partout apparaissent des fissures. Les couloirs et les chambres du château sont comme les coulisses du théâtre où les masques tombent. Tout ceci montre des tensions qui gangrènent les relations familiales et sociales.
On assiste alors à un délitement de la fête : la première partie est caractérisée par des mouvements incessants de la caméra à l’épaule et des coupes brusques entre les plans. C’est un univers chaotique.  Cela ne peut convenir à Claire, qui envers et contre tout cherche à faire régner un ordre formel, où des motifs symétriques et reconnus socialement sont visibles.
La fête continue générant un malaise certain.
Une autre représentation du délitement de la réception est le personnage de Justine. Elle est un automate qui assiste à son mariage et dont le mécanisme est actionné par sa sœur. Dans la première partie, elle sombre peu à peu dans la dépression. Elle est piégée dans ce bain de conventions et de rites sociaux.
Comme seul purgatoire, son corps appelle la planète comme un appel à la destruction de cet ensemble de rites, de codes, qu’est la Terre.

Ainsi, Melancholia se pose dans sa première partie comme une critique du système de coutumes. Rien n'est vrai et tout y est surjoué. En cela, on peut y voir une référence à Festen.

 

La fin du monde :

La fin du monde n’est pas directement présentée. A rebours des blockbusters présentant le cataclysme par des scènes de foules paniquées, des villes qui s’effondrent et des journaux télévisées chocs, Lars Von Trier préfère nous montrer ici la « magie », la douceur et la volupté du désastre. Melancholia n’apporte pas la mort, mais comme le dit le beau-frère, la planète a l’air « amical ». Ici, le comportement de Claire est en représentation de celui du monde. Le cataclysme est représenté dans la microcellule familiale, faisant de ce film une particularité.

 

Romantisme :

L’affiche fait référence à Ophélia de Sir John Everett Millais, personnage de la pièce Hamlet de Shakespeare qui se donne la mort. A travers ce film, l’Ophélie de John Millais est devenue la Justine de Lars Von Trier.

On peut essayer d’interpréter cette volonté d’associer ce film à l’univers romantique. Dans celui-ci, l’individu romantique cherche l’élu, la personne qui est créée pour lui dans cet idéal de l’androgyne. Par ailleurs, le romantique se sent en osmose avec la nature où il y trouve le calme. Enfin, il éprouve une forme de dégout pour le monde. Il est désabusé de la société.
Ces traits caractéristiques correspondent à Justine, à ceci près qu’elle est mélancolique. Il faut donc rajouter qu’elle est désabusée de tout puisqu’elle sait. Elle sait par exemple qu’elle ne trouvera pas son âme-sœur ou que le monde est réellement dégoutant. C’est pour cela que l’on voit une lassitude de la vie dans ce personnage.

Ainsi, si l’association romantisme/Justine est proposée, c’est pour montrer que la nature même du personnage est contre la foule et l’homme. Au contraire, elle préfère la solitude et l’isolement.

 

La mort :

La mort est représentée de façon spectaculaire.
Inspirée du cinéma expressionniste, la demeure isolée s’avère être un piège pour Justine et Claire. Il est aussi difficile d’arriver que de repartir. Ceci pourrait être un symbole de la nature fantastique du lieu dans lequel elles vont. De cette façon, le réalisateur nous montre que l’étau se resserre, qu’aucune échappatoire n’est possible. D’autres manifestations remarquables nous montrent la fin : raréfaction de l’air, grêle, cris des animaux. Quand Claire commence à suffoquer, la mort est déjà en cours. L’aspect morbide est présenté uniquement dans la seconde partie du film. Ce prolongement catastrophiste déploie sa structure dramatique via la « danse de la mort » que Melancholia effectue avec la Terre ; comme une parade de séduction, elle s’approche, s’éloigne avant de revenir. En cela, la mort et le désir semblent ici liés, comme Eros et Thanatos.
Cette idée de danse avec la mort est propre aux melancoliques. Un très beau poème de Verlaine, qui au passage ouvre les Poèmes Saturniens, expose cette idée:

Les Sages d’autrefois, qui valaient bien ceux-ci,
Crurent, et c’est un point encor mal éclairci,
Lire au ciel les bonheurs ainsi que les désastres,
Et que chaque âme était liée à l’un des astres.
(On a beaucoup raillé, sans penser que souvent
Le rire est ridicule autant que décevant,
Cette explication du mystère nocturne.)
Or ceux-là qui sont nés sous le signe SATURNE,
Fauve planète, chère aux nécromanciens,
Ont entre tous, d’après les grimoires anciens,
Bonne part de malheur et bonne part de bile.
L’Imagination, inquiète et débile,
Vient rendre nul en eux l’effort de la Raison.
Dans leurs veines, le sang, subtil comme un poison,
Brûlant comme une lave, et rare, coule et roule
En grésillant leur triste Idéal qui s’écroule.
Tels les Saturniens doivent souffrir et tels
Mourir, — en admettant que nous soyons mortels, —
Leur plan de vie étant dessiné ligne à ligne
Par la logique d’une Influence maligne.

La mort apparait aussi sans se montrer, comme dans un film d’horreur. Le hors-champ vient habiter l’image, comme une ombre menaçant le spectateur. Melancholia est proche mais pourtant on ne la voit pas toujours, seule la lumière bleue est omniprésente. De même, lors de la scène finale de la collision, on n’observe pas le cataclysme se produire. On assiste au contraire aux visages figés des trois personnages. Ensuite, on passe en plein champ et on voit la planète. C’est le climax emphatique et lyrique du film, souligné par le leitmotiv wagnérien.

Apocalypse : apokalupsis, la révélation, l’enlèvement du voile.

 

Le beau :

Le beau est représenté par les décors superbes ; Melancholia apparait comme le décor du film. Omniprésente, elle englobe l’action. D’autres endroits aussi ont cette fonction : le château est une façade, une porte d’entrée, ou la terrasse devant le golf qui s’ouvre sur l’horizon.
Les personnages ne sont pas tous capables de saisir la beauté. Seule Justine est capable de la trouver. Elle trouve la beauté dans les clairs de Melancholia, dans ses mouvements et gestes comme l’atteste le prologue. L’enfant et la mélancolique sont les seuls à conserver en eux un imaginaire créateur. Le fils de Claire ne pouvait demander à construire des cabanes en bois qu’avec Justine. Tous les autres sont conditionnés par le système social. Chose importante, on peut dire que Justine initie l'enfant dans la mélancolie. Les idées de création de cabane semblent avoir pour origine Justine et c'est elle qui lui montre comment couper les morceaux de bois. En parlant de cette action, il faut noter qu'elle est représentative du sentiment mélancolique. Le motif de la taille ou de l’écorçage du bâton est souvent relié à la préparation de baguettes magiques, qui devaient être pelées afin que « nuls esprits ne se nichent entre le bois et l’écorce ». On peut d’ailleurs voir un tableau de Cranach, à propos de la mélancolie où le personnage central taille un bout de bois :

Claire s’enferme dans ses rites et ne peut provoquer que le rire.
Enfin, comme le spectateur est délivré de l’angoisse de la mort à l’instar de Justine, il peut observer et apprécier la beauté du film.

Ode à la fin du monde, Melancholia serait aussi une ode à l’art et au beau.

 

Parallélisme :

Le film ne nous donne aucun indice sur une possible succession temporelle de la partie 1 et la partie 2. On pourrait néanmoins essayer de ne pas voir le film comme une succession chronologique des deux parties mais comme deux facettes d’une même fiction. On verrait alors un unique événement de deux points de vue distincts.
Le premier indice nous laissant supposer cela est dans la mise en scène. Chaque partie possède son propre style, comme la vision du monde de deux personnes différentes.
Le second est la construction en parallèle des deux parties.
-Le trajet de Justine est toujours compliqué et laborieux. A cela, le mari de Claire fait à chaque fois un commentaire sur le prix du voyage. L’avarice de celui-ci apparait au même moment.
-Un repas est spécialement préparé pour elle, que ce soit le gâteau ou le pain de viande.
-Dans les deux parties, elle prend un bain au même moment.
-Justine s’échappe dans les deux cas du domaine pour aller observer les étoiles ; dans la première partie, le ciel est noir et sans issue, tandis que dans la seconde Melancholia semble être une porte de rédemption.
-On peut voir un parallèle entre le père et les chevaux, notamment Balthazar et entre la mère et les problèmes qui se révèlent, comme les recherches sur Internet ou la coupure de courant.
-Les scènes d’amour et de haine entre les deux sœurs sont aussi dédoublées.
-On assiste à un double refus des conventions, avec d’une part la façon dont Justine se fiche du terrain que son mari a trouvé, et de l’autre la manière dont Justine se moque des conventions de Claire.
-On peut réaliser un parallélisme entre son mari et la vie qui s’offre à elle. L’état de mélancolie dans lequel elle s’est volontairement plongé dans la deuxième partie lui empêche de profiter de l’existence. Dans la première partie, elle refuse toutes les avances de son mari.
-Enfin, on remarque une sorte de parallélisme sexuel entre d’abord celui qui doit soutirer le slogan de Justine et ensuite son neveu. Dans les deux parties, ces deux personnages sont respectivement ignorés jusqu’au moment où leurs désirs sont assouvis. Pour l’un, il s’agissait d’assouvir son désir sexuel, pour l’autre de jouer avec elle pour construire une cabane. Notons que pour construire la cabane, Justine et son neveu sont allés tailler des bouts de bois, ce qui pourrait être une image œdipienne. A chaque fois, cela est réalisé à l’écart de la société.

Ainsi, on peut faire l’hypothèse que les deux parties rentrent en échos. La première partie ne serait qu’une interprétation de Justine de son vécu. La deuxième serait celle de Claire. Ainsi, pour comprendre l’histoire il est important de mettre les deux interprétations en parallèle, pour mieux saisir la forme qui selon des angles différents, n’a pas la même ombre.
Dès lors on peut voir le film comme une crise schizophrénique, deux facettes d’un même événement ou le parcours d’un suicidaire.

 

Anecdotes :

"A l'issue de la projection officielle du film à Cannes, Lars von Trier et ses acteurs se prêtent à la traditionnelle conférence de presse. Durant celle-ci, en pensant faire de l'humour, le cinéaste affirme avoir de la sympathie pour Hitler et s’enlise dans des plaisanteries autour de la question juive. Cela génère un véritable tollé sur la Croisette. On lui reproche d'avoir des propos antisémites. Von Trier est donc prié de présenter des excuses publiques, mais elles ne suffisent pas à calmer le mécontentement de l'opinion publique. Les dirigeants du Festival convoquent alors un Conseil d'Administration Extraordinaire. Ils décident de déclarer le cinéaste persona non grata. Autrement dit, le réalisateur n'est plus le bienvenu sur la Croisette et est invité à rester discret.

Melancholia a été récompensé à Cannes par le prix d'interprétation féminine, lequel revient directement à Kirsten Dunst. Cette dernière, en allant chercher le trophée, a dit au micro "Eh ben, quelle semaine !" en référence à la mini-crise déclenchée par les propos tenus par le cinéaste danois et qualifiés d'antisémites.
Selon Lars von Trier, le fait que Kirsten Dunst ait connu une lourde dépression durant son existence a contribué à la richesse de son jeu d'actrice.

Le romantisme allemand a été pour Lars von Trier le point de départ du film. Le cinéaste voulait un scénario impulsé par l'atmosphère qui règne dans les orchestrations de Richard Wagner. Luchino Visconti compte également parmi ses sources d'inspiration. "Il y a toujours quelque chose chez lui pour élever le sujet au-dessus du trivial, l'élever au niveau du chef-d'oeuvre!", affirme le cinéaste danois dans une de ses envolées lyriques.

Le personnage joué par Kirsten Dunst est atteint de mélancolie profonde. Lars von Trier explique selon lui, "elle rêve de naufrages et de mort soudaine, comme l’a écrit Tom Kristensen (ndlr: auteur danois de la première moitié du XXème siècle à ne pas confondre avec le célèbre pilote automobile des 24 heures du Mans!). Et elle va les avoir". Alors que le monde est sur le point de disparaître, la joie la reprend peu à peu. Lars von Trier précise que "dans les situations catastrophiques, les mélancoliques gardaient plus la tête sur les épaules que les gens ordinaires, en partie parce qu’ils peuvent dire : ’Qu’est-ce que je t’avais dit ?’ Mais aussi parce qu’ils n’ont rien à perdre."

Lars von Trier s'estime lui-même comme étant mélancolique. Un état qu'il décrit comme étant une valeur : "Au bout du compte, nous avons tendance à voir la mélancolie comme plus vraie. Nous préférons la musique et l’art qui contiennent une pointe de mélancolie. La mélancolie en elle-même est une valeur. Un amour malheureux et non partagé semble plus romantique qu’un amour heureux."

Lars von Trier a choisi Melancholia comme titre afin de faire refléter son état dépressif. Il a également appris que la planète de la mélancolie était Saturne et que les collisions cosmiques étaient un phénomène fréquent dans l'univers.

Lorsqu'on lui demande si le monde pourrait avoir une fin, Lars von Trier en profite pour étayer ses pensées eschatologiques et son désir d'apocalypse: "Si ça pouvait arriver en un instant, l’idée me plaît. La vie est une idée pernicieuse. La création a peut-être amusé Dieu, mais il n’a pas vraiment réfléchi aux choses. Donc si le monde s’arrêtait et que toute souffrance et tout désir disparaissaient en un clin d’oeil, je serais prêt à appuyer moi-même sur le bouton."

Lars von Trier a souhaité que l'esthétique de son film soit le résultat d'une interpénétration entre plasticité, romantisme, ostentation stylistique et réalisme cru. De ce fait la majeure partie du film a été tournée avec une caméra à l'épaule dans un somptueux château en Suède. Une sorte de grand écart artistique...

Lars von Trier reste très énigmatique par rapport à son opinion sur Melancholia une fois le film fini : "Quand je le vois, je suis content. Mais je l’ai vu tellement de fois que je n’arrive plus vraiment à le voir". Charlotte Gainsbourg, elle, aurait dit au cinéaste qu'il s'agit d'un film "bizarre". Lars von Trier précise toutefois que "la pire chose serait de dire comme Nordisk Film : Il y a de belles images". Le cinéaste affirme que ce propos l'a anéanti : "Parce que si je fais un film que Nordisk Film aime, j’arrête demain !" A noter que Nordisk Film, société de production danoise, a financé en partie le budget de Melancholia...

Homme d'une grande ambiguïté, Lars von Trier déclare que Melancholia n'est peut-être pas une œuvre réussie ni même son œuvre à lui : "J'ai travaillé sur ce film pendant deux ans. Avec grand plaisir. Mais je me suis peut-être fait des illusions. Je me suis laissé tenter. Ce n’est pas que quelqu’un ait commis une erreur… au contraire, tout le monde a travaillé loyalement et avec talent pour atteindre le but que moi seul avais défini. (...) Néanmoins, je me sens prêt à rejeter ce film comme un organe transplanté par erreur.""
source allociné

 

Lien intéressant :

http://www.melancholiathemovie.com/

 

Bande Annonce:

Melancholia - Bande annonce HD vostFR - Lars Von Trier

A contribué à l'article :

Cornelius

 

J'ai trouvé de nombreuses références dans ce livre très intéréssant que je recommande : Saturne et la Mélancolie: Études historiques et philosophiques : nature, religion, médecine et art de Raymond Klibansky. Il est disponible à la BPI.

Date de dernière mise à jour : 31/03/2018

  • 18 votes. Moyenne 5 sur 5.

Ajouter un commentaire