Court Métrage Youtube

On trouve sur Youtube beaucoup de vidéos de chats et autres contenus peu enrichissants, mais parmi toutes les publications, on peut aussi trouver des courts métrages qui nous font réflechir sur notre quotidien et nos habitudes.

On vous propose ici une sélection de quelques vidéos, accompagnées d’un bref commentaire.

Voici un petit sommaire des court-métrages abordés :

Les Parasites:
Jeu de Société
Lanceur d'Alerte
M. Carotte, Lucie et le périscope
Symptômes d'Amour
Crise d'Empathie

Studio 4:
Martin Sexe faible

 

Les Parasites

Jeu de Société

Jeu de Société

Nicolas et Victoire vont bientôt se marier. La jeune fille présente alors son fiancé à sa famille. Celle-ci a une façon particulière de passer le temps : elle joue à un jeu particulier proche du Monopoly. Quand Nicolas rencontre le père de Victoire, ce dernier lui donne un pion en guise de salutation.

On peut sentir une gêne se prolongeant le long du court-métrage. Le jeu semble étrange et pas très égalitaire :
«mais bien évidemment on est là pour s’amuser ! C’est un jeu ! ».
« Y a déjà pas de famille qui tienne quand y a de l’argent, alors les amis ».
Et le jeu en lui-même ne semble pas réellement en être un : « C’est votre place. Et vous savez ce que ça veut dire ? C’est pour la vie ».
Nicolas se rend compte qu’il y a un problème avec le jeu. Il ne comprend pas les règles et voit d’autres joueurs tricher.

Ce court-métrage est une remise en cause totale du système politico-économique actuel. On peut associer à chaque personnage une institution ou un groupe :

Le père

Les Banques

La mère

L’organisation politique

Le frère

Les médias

L’oncle

La lutte ouvrière

La fille

La jeunesse

La grand-mère

La pauvreté

Le gendre

Le marginal

 

Cela paraît évident quand on observe le comportement de chacun et les rapports entre les personnages.

-Le père (les banques) se présente comme le doyen du plateau, contrôlant tout. Il n’hésite pas à payer la mère (la politique) pour avoir des législations à son avantage.
-La mère (la politique) est diplomate et politiquement correcte, elle se montre en public décisionnaire et impassible tandis que, sous le plateau, elle est intimidée par les pouvoirs monétaires (le père). 
-Le frère (les médias) aide ses parents (le système politico-économique) dans leur suprématie dans le jeu. Criant au scandale pour tout et défendant inlassablement ses parents, il est 
-L’oncle (la lutte sociale) montre une faiblesse évidente face au pouvoir combiné de son neveu (les médias), du père (les banques) et de la mère (la politique). Incapable de gagner des élections, il est toujours en difficulté financière.
-La fille (la jeunesse) est totalement innocente et crédule. Elle croit son père (les banques) et voue une confiance aveugle dans ses parents (le système politico-économique) qui contrôlent sa vie.
-La grand-mère (la pauvreté) est rejetée par tous. Comme une malpropre, personne ne souhaite lui parler. Elle mendie la possibilité de revenir sur la table mais personne ne l’aide.
-Le gendre (les marginaux) vient d’arriver et il prend place autour de la table. Défavorisé par rapport aux autres au départ, il arrive au bout de quelques tours à se créer une situation confortable en suivant les conseils du père (les banques). Néanmoins, son caractère empathique et sa compassion font qu’il repend une gêne autour de la table. Il cesse de jouer quand il se rend compte que le jeu est truqué. Il rentre en confrontation avec les parents (le système politico-économique) mais perd par manque de moyens. Il n’a pas la force suffisante pour s’opposer.
Défait, il s’isole avec la grand-mère (la pauvreté) et lui propose un autre jeu. Voyant le succès que ce jeu alternatif prend, le père (les banques) propose une nouvelle règle (des lois sociales) visant à aider les joueurs en difficulté. Pourtant, ils refusent, préférant leur propre nouveau jeu.  Le père (les banques) s’énerve et après avoir essayé de corrompre, d’intimider et d’assassiner les individus qui ne veulent pas suivre le jeu (les révolutionnaires), ils les enferment dans un espace clos. On voit que dans cet endroit d’autres idées et concepts étaient déjà enfermés :

-mouvement hippie (symbole peace and love)
-révolution sexuelle (canard jaune en plastique)
-le mouvement Vendetta (le V)
-le mouvement anarchiste (le A encerclé)
-le nazisme (svastika)
-la piraterie (drapeau pirate)
-le communisme (marteau et faucille)
-ZTM (The Zeitgeist Movement)...

Tous ces mouvements sont des alternatives au système capitaliste acharné, enfermés les uns après les autres dans cette salle sombre où personne ne peut leur apporter du soutien.

Lanceur d'Alerte

Lanceur d'alertes

"Un lanceur d'alerte est toute personne, groupe ou institution qui, ayant connaissance d'un danger, un risque ou un scandale, adresse un signal d'alarme et, ce faisant, enclenche un processus de régulation, de controverse ou de mobilisation collective. " Wikipédia.

Nous vivons dans un monde où la liberté de presse et d'expression sont censées être respectées. Pourtant, on voit souvent des conflits d'interêts entre journalistes et grands groupes, où l'un accuse l'autre d'avoir révélé des informations confidentielles. Bien que dans certains pays, on peut encore être assassiné pour avoir témoigné dans un procès, on a la chance en France de ne plus vivre dans ce climat de peur. Néanmoins, en témoignant contre de grandes entreprises, les lanceurs d'alertes risquent peut-être même plus : beaucoup sont jugés et condamnés, compromettant alors d'une certaine façon notre liberté à tous de savoir et d'informer les autres. Cette vidéo est donc un témoignage et un plaidoyer pour défendre nos droits.

 

M. Carotte - Lucie et le Périscope

Lucie et le Périscope

Ce court-métrage se présente comme un documentaire. On suit M. Carotte, un individu sceptique par rapport aux nouveaux réseaux sociaux comme Périscope ou Tinder et faisant preuve d'un grand cynisme. La vidéo s’ouvre en filmant ce dernier qui lance un parpaing sur une voiture garée sur un stationnement handicapé, depuis son appartement, alors que le conducteur n’est aucunement infirme.

Il discute ensuite avec le cameraman à propos de Périscope. Il commence par montrer des vidéos inutiles en nous expliquant que sur cette application, des individus se filment en direct. Il montre ensuite une fille de 18 ans qui fait des vidéos depuis chez elle et explique que cela est très dangereux, car les utilisateurs peuvent avoir accès facilement à de nombreuses informations à son propos comme son adresse. Elle est « complètement inconsciente du danger ».

Il se dirige alors chez la fille avec un colis qu’il a lui-même fabriqué. Il réussit à trouver le bâtiment, puis son nom dans l’entrée et arrive enfin devant sa porte au 5ème étage. Quand Lucie ouvre, M. Carotte la repousse en arrière, l’immobilise sur une table et la bâillonne. Il compte alors la violer en direct. Il précise que beaucoup de cambriolages se sont faits sur ce même mode opératoire. Il explique son geste : « La fine fleur de la jeunesse française gangrenée par la technologie mise au service de l’individualisme. Tu captes ? C’est la réalité virtuelle qui a pris le pas sur le monde réel.». De la même façon qu’il a agi de façon disproportionnée en détruisant la voiture de l’individu qui s’est garé sur une place handicapée, il sur réagit ici. Il veut montrer à la fille les risques de se montrer en direct avec la géo localisation activée. Elle a alors de « la chance d’être tombé sur lui ». Cela est aussi censé servir aux 10125 personnes qui regardent en direct le viol de la fille.  

La vidéo se termine quand après être ressortis du bâtiment, M. Carotte et les deux reporters vont fêter la fin du premier reportage dans un bar. Il regarde son téléphone et voient que Lucie continue à diffuser du contenu sur périscope avec une affluence encore plus importante : 30 000 personnes la regardent en direct. Elle les remercie pour leur « soutient » suite à ce drame. Les dernières images la montrent en pleurs. Lui dit qu’il va y retourner parce qu’elle n’a pas compris l’origine de son acte.

Le court-métrage est inspiré de "C'est arrivé près de chez vous". L’idée du film est de montrer un personnage odieux dans un documentaire où les journalistes vont peu à peu devenir complices des crimes du personnage.

Le point soulevé dans cette vidéo est la question de la faute. Doit-on dire que M. Carotte a fait le bon choix et est-ce la faute de Lucie de ne pas avoir compris ? Est-ce le problème de la société ? Ou doit-on voir dans le protagoniste un individu malsain, un vrai psychopathe ?
La morale de ce court-métrage doit plutôt être trouvée dans son aspect glauque, froid et réaliste qui nous interroge. Ce sentiment, qui nous pousse à nous poser des questions, montre bien que la vidéo ne cherche pas à présenter un point de vue, mais une situation frustrante et troublante en vue de construire notre propre vision des choses.
Il est clair que s’afficher entièrement en public est dangereux. Il est aussi clair que la vidéo ne nous encourage pas à éduquer les autres à travers la force et la violence. Il est néanmoins important de relativiser un aspect important : les individus qui sont autour de ces deux personnages principaux ne réagissent pas. Si le problème n’est pas de ‘comment on aborde la situation’, il repose dans la passivité face à la situation découlant peut être de la normalité de celle-ci. La jeunesse croit vivre dans un monde réel où les soutiens des internautes l’aident réellement. Pourtant, si l’un d’entres eux souhaitait aider Lucie, à la même manière que M. Carotte s’est fourni l’adresse de Lucie, il lui suffisait d’appeler la police en transmettant l’adresse du viol. Par ailleurs l’engouement suscité par un drame (30 000 personnes regardent la diffusion le soir) n’est pas sans rappeler les tragiques événements de 2016 où des adolescents pouvaient se suicider en direct pour attirer l’attention (http://www.leparisien.fr/essonne-91/suicide-sur-periscope-oceane-la-mort-en-direct-12-05-2016-5788331.php).

Symptômes d'Amour (48HFP Montpellier 2014 - Prix du Meilleur Film)

Symptômes d'Amour

Symptômes d’Amour est un court-métrage traitant de l’amour. On suit un spécialiste en littérature poétique qui cherche à écrire un poème sur l’amour. Il est dérangé par un homme qui est « victime d’un phénomène étrange ».  Il a l’impression de ressentir les mêmes sensations que dans les livres. On apprend qu’il est amoureux d’une femme. Il ressent des « palpitations », des « frissons dans le ventre », une envie irrésistible de toucher l’être aimé... Le problème est que dans la société décrite dans la vidéo, l’amour est interdit et n’existe pas selon la croyance populaire. Il existe uniquement dans les livres, où les histoires finissent toujours mal.
Ils cherchent ensuite à dé - tomber amoureux. Le poète propose que les amoureux s’éloignent. Le spécialiste récite alors le poème qu’il créait depuis le début de la vidéo :

« Il vint frapper à ma porte,
Me demandant de l’aider,
Car une étrange sensation forte
S’en était emparé.
Elle me montra les papillons
Les unissant dans un frisson.
J’avais compris quand je les vis
Que l’amour n’était pas parti.
Et moi, je suis perdu
Errant dans l’inconnu
Guide moi dame de lumière
Donne moi une cuillère ? »

 

Ce court métrage fait preuve d’une grande poésie ainsi que d’une finesse rare. En nous plongeons dans un monde où l’amour est interdit, la fugacité et le mystère qui entoure l’amour sont d’autant plus remarquables.
On voit qu’à mesure que les deux amoureux s’éloignent, leur visage se crispent, traduisant la douleur de la séparation, alors que la séparation physique n’a en soit rien de douloureux.

Le poème du spécialiste fait preuve d’une grande sensibilité en associant de façon métaphorique la cuillère et la chute amoureuse. On peut se demander si les deux personnes amoureuses ont réellement existées dans le cadre de l’histoire. On pourrait interpréter la rencontre avec les deux individus comme le cheminement intellectuel que le poète a fait pour poser le mot cuillère à la fin de son poème. Un élément peut nous orienter sur cette voie. Au moment où l’on entend la sonnette, on entend aussi la première syllabe du mot cuillère. Ainsi, l’histoire ne serait que prétexte pour justifier le poème, montrant tout le génie des poètes et la complexité de l’écriture, qui ne peut se résumer à une étude de la sémantique sans prise en considération de l’imaginaire de l’auteur.

 

Crise d'Empathie

Crise d'Empathie

Court métrage des Parasites, il cherche à dénoncer une possible perte de l’amour de l’autre dans notre société. On voit une fille qui apporte une pâtisserie à un SDF. Les parents de ce personnage nommé Juliette la place dans une forme d’hôpital psychiatrique. En effet, il semble que tout individu qui fasse preuve d’empathie pour les autres se doit d’être rééduqué. Il y a une forme de contrôle despotique : un jeune homme est placé dans ce même hôpital après avoir été repéré par la police et condamné par un juge.

« Tu veux le bonheur des autres c’est ça ? ». En lui montrant une photo d’un enfant africain squelettique pleurant sur une plage, on lui demande si elle ressent quelque chose. On lui explique que ce n’est pas bien pour elle d’éprouver quelque chose pour ce petit garçon, que malgré elle, cela la rend malheureuse et pourrait lui faire rater sa vie. Elle doit alors assimiler de nouvelles valeurs égoïstes et égocentriques : on ne demande pas à l’autre comment il va, les gens dormant dans la rue sont des fainéants. Le leitmotiv de l’éducation que les individus doivent intégrer est : « mon bonheur n’est pas celui des autres ».

Le processus instructif se passe de la sorte : on leur demande de regarder la télévision, de répéter des phrases machinalement. On leur fait aussi endurer des souffrances physiques et psychologiques lorsque les réponses aux questions ne sont pas celles qui sont attendues.

Finalement, la jeune fille réussit à sortir quand les docteurs voient qu’elle est « guérie », c’est-à-dire qu’elle ne pense plus qu’à elle-même. Pourtant, on voit sur le dernier plan le jeune homme (celui qui au début de l’histoire avait été repéré par la police) aider un mendiant. Elle lui fait un clin d’œil pour lui montrer qu’elle n’a pas changé.

Ce court métrage est intéressant car comme souvent chez Les Parasites, on nous dépeint une forme de dystopie, une société imaginaire où les libertés sont compromises et le bonheur inaccessible.  On assiste à une forme de régime totalitaire où un contrôle omniprésent tâche de nous remettre sur le droit chemin. Les méthodes coercitives de l’institut sont révélatrices du « bourrage de crâne » institutionnel de cette société.

Néanmoins, il est important de relever que ce matraquage d’informations n’est pas efficace certains peuvent ressortir de l’hôpital totalement égoïstes, mais on voit aussi que certains font seulement semblant. Ce mouvement « résistant », qui vise à aider l’autre, est primordial. De nombreuses études montrent que l’homme tend à être altruiste. Il s’avère que la gentillesse est un avantage en matière de survie et de reproduction.  On peut l’observer dans deux cadres :

-au sein d’une famille : l’instinct familial fait que l’on protège les personnes qui nous sont proches, car elles portent une part de notre patrimoine génétique

-au sein d’un groupe : l’entraide permet la réalisation de projets plus importants, ou pour nos ancêtres de chasser du gibier plus imposant.

En étudiant un groupe de babouins, l’anthropologue Joan Silk a montré que les femelles qui épouillaient souvent leurs compagnes se faisaient ensuite épouillées à leur tour, étaient moins angoissées, se battaient moins et pouvaient passer plus de temps avec leurs petits. Cette solidarité réciproque semble donc être vectrice de progrès et est directement liée à l’empathie pour les autres.

STUDIO 4

L'ASSISTANT - Martin, sexe faible

Martin Sexe Faible

« Martin, sexe faible » est une web-série de Studio 4. Elle traite du harcèlement des femmes et de la misogynie. Son caractère original provient de la façon dont elle montre toute la difficulté d’être une femme :, elle présente des situations où l’homme est à la place de la femme. Ainsi, ce sont les jeunes hommes qui se font siffler dans la rue et toutes les personnalités historiques sont des femmes.  Le détachement que rend possible cette mise à distance permet d’une part de générer un effet comique, mais d’autre part aussi de plus facilement nous questionner.

 
 

A contribué à l'article :

Cornelius

Date de dernière mise à jour : 09/07/2017

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