Carmen Stromae
Reprenant le célèbre opéra « Carmen » de Bizet, Stromae cherche à critiquer les réseaux sociaux dans une de ses chansons. Avec l’aide de Sylvain Chomet, il nous montre toute la vacuité de Twitter.
Stromae utilise l’air de « l’amour est un oiseau rebelle », et parle d’un autre oiseau rebelle typique de notre société : allégoriquement l’oiseau de Twitter, symboliquement notre passion pour le monde virtuel. L’interprète cherche à pointer du doigt plusieurs phénomènes.
La superficialité de nos relations
Les références sont surlignées en violet dans le texte.
L’individu social du XXIème siècle tisse ses relations sur internet. On recherche alors à avoir un maximum de relations, d’être « suivi » par le plus de monde. Le problème se situe dans l'isolement qui découle de cette recherche. La pluralité des relations les rend superficielles et lacunaires. La véritable nature de l’amitié est troquée au profit d’une notoriété virtuelle. L'amour n'existe plus qu'en photo, la discussion disparaît et tout le monde chevauche son propre oiseau de Twitter (oiseau de malheur ?).
Vie de masse
Les références sont surlignées en jaune dans le texte.
L’homme a l’impression de maîtriser sa vie, comme un trader pourrait croire maîtriser les cours du marché. Pourtant, la réalité est tout autre. C’est l’individu qui est enchaîné. Le produit n’est pas ce que manipule la personne, mais la personne elle-même qui est soumise à une assuétude. L’amour est par exemple décrit ici comme un produit de consommation. La répétition du mot "somme" montre que l'on enchaîne inlassablement, les produits ou les relations superficielles.
Par ailleurs, ce n'est pas l'individu qui choisit sa façon d'être mais le troupeau. La masse dicte sa loi à l'individu. On le voit à la fin de la vidéo où le chemin montre la voie aux utilisateurs.
Nous nous faisons tous "digérés" et ensuite recrachés de la même forme dans cette idée de pensée unique, ce que l'on peut observer au dernier plan de la vidéo.
Amour propre et impression de besoins comblés
Les références sont surlignées en rouge dans le texte.
Tous ces problèmes proviennent d’un besoin de reconnaissance indissociable de l’homme (La pyramide des besoins). Néanmoins, celui-ci a pris un aspect négatif et mauvais en devenant dans notre société quantifiable et comparable via les followers.
Nombreux sont ceux qui s'engoufrent dans une spirale, les entraînant toujours plus profondément dans les réseaux sociaux et qui puise sa source dans un souci d’orgueil.
Par ailleurs, le besoin de reconnaissance grossit au fur et à mesure. On voit cela dans la vidéo où le petit oiseau bleu grossit au point de prendre une place centrale dans la vie.
Ce film est un très bon condensé du film Nerve réalisé par Ariel Schulman, où la dernière scène montre que les voyeurs, regardant sur internet les joueurs s'entretuer, sont aussi coupables, ou à défaut, complices de meurtre. Le monde virtuel peut-être un univers dans lequel on peut s'amuser sans limite mais il faut prendre garde aux conséquences quand il rejoint la réalité.
L'amour est comme l'oiseau de Twitter
On est bleu de lui, seulement pour 48 heures
D'abord on s'affilie, ensuite on se follow
On en devient fêlé, et on finit solo
Prends garde à toi
Et à tous ceux qui vous like
Les sourires en plastique sont souvent des coups d’hashtag
Prends garde à toi
Ah les amis, les potes ou les followers
Vous faites erreur, vous avez juste la cote
Prends garde à toi
Si tu t’aimes
Garde à moi
Si je m’aime
Garde à nous, garde à eux, garde à vous
Et puis chacun pour soi
Et c’est comme ça qu’on s’aime, s’aime, s’aime, s’aime
Comme ça, consomme, somme, somme, somme, somme x4
L’amour est enfant de la consommation
Il voudra toujours toujours toujours plus de choix
Voulez voulez-vous des sentiments tombés du camion ?
L’offre et la demande pour unique et seule loi
Prends garde à toi
"Mais j’en connais déjà les dangers, moi
J’ai gardé mon ticket et, s’il le faut, j’vais l’échanger, moi
Prends garde à toi
Et, s’il le faut, j’irai m’venger moi
Cet oiseau d’malheur, j’le mets en cage
J’le fais chanter, moi"
Prends garde à toi
Si tu t’aimes
Garde à moi
Si je m’aime
Garde à nous, garde à eux, garde à vous
Et puis chacun pour soi
Et c’est comme ça qu’on s’aime, s’aime, s’aime, s’aime
Comme ça, consomme, somme, somme, somme, somme x4
Un jour t’achètes, un jour tu aimes
Un jour tu jettes, mais un jour tu payes
Un jour tu verras, on s’aimera
Mais avant on crèvera tous, comme des rats
Stromae - carmen
A contribué à l'article :
Cornelius
Date de dernière mise à jour : 09/07/2017
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