Animation Youtube
On trouve sur Youtube des perles rares. Ce sont des animations sous format de courts métrages qui nous révèlent des choses sur le quotidien. Voici une sélection de quelques unes qui pourraient vous plaire. Certains traitent de l'amour, d'autres de la mort, mais tous nous montrent par le dessin, comment voir notre monde autrement.
Voici un petit sommaire des court-métrages abordés :
Overcomer
Paperman
Suicide Lover
Alight
Children
Pinched
In a Heartbeat
Being Pretty
Overcomer - Animated Short
Overcomer
L'animation montre une jeune fille qui aura bientôt 18 ans. Les dessins sont simples mais le fond est très actuel. Le personnage principal est démoralisé et regarde le fil d'actualité de réseaux sociaux. En comparaison, sa propre vie lui apparait encore plus vide.
La fille regarde la photo d'une des personnes qu'elle a en ami, dont la vie apparaît comme colorée et totalement heureuse. Pourtant, elle a aussi connu des périodes difficiles, où elle a été démoralisée. Tout le monde la mal considérait, l'insultant ou la décourageant. Cela est représenté de façon métaphorique par de nombreuses chaines qui enserrent la jeune fille. Chaque mauvaise parole rajoute un anneau à cette chaine qui lui lie les poings avant de recouvrir tout son corps.
A l'inverse, quand la fille du début serre dans ses bras la jeune fille, les chaines se brisent.
Ainsi on voit ici à quel point les paroles des autres peuvent être dures. Il faut savoir se motiver et trouver des personnes pour nous aider à surmonter les épreuves difficiles. Les dernières images nous montrent qu'il est possible de sortir d'une situation dépressive tout seul, en se motivant soi-même. Une personne sera toujours là pour nous, et c'est justement nous-même.
"You can do this".
Crédit : Hannah Spangler
Paperman
Paperman
Paperman est un film d'animation en noir et blanc sur l'amour. Il commence sur un quai où deux personnes se rencontrent. Le lien se crée alors entre eux quand, une feuille du dossier de l'homme s'envole et se colle au visage de la demoiselle. Pendant qu'il se rend compte que la fille a laissé une trace de rouge à lèvres (de couleur rouge) sur la feuille, elle prend son train, laissant le jeune homme penaud sur le quai. Ce dernier va au travail, où il s'aperçoit que la fille passe un entretient d'embauche dans le bâtiment d'en face. Il décide de lancer les feuilles de ses dossiers à travers la fenêtre sous la forme d'avions en papier pour atteindre la jeune fille mais malheureusement en vain.
Le court métrage est très poétique et délicat. Le travail sur la musique en est une des traces. Après avoir lancé toutes ses feuilles et avoir perdu la trace de la jeune fille, ayant même lancé la feuille avec le rouge à lèvres, les avions en papier prennent vie, à l'instar des balais de Fantasia. Ils s’envolent et poussent/guident le jeune homme vers la fille. Ils vont finalement se retrouver sur un autre quai et vont pouvoir discuter.
Ce court-métrage est remarquable par la beauté et la poésie qui s’en dégagent. La vidéo a été nominé aux Oscars.
Crédit : John Kahrs
Suicide Lover - This Guy's Idea Of Love Is Dangerous! // Viddsee.com
Suicide Lover
Suicide Lover est un court métrage très intéressant par les diverses interprétations que l'on peut en faire.
L'histoire s'organise autour du concept simple que le protagoniste possède une bombe dans la tête qui explosera à minuit s'il ne tombe pas amoureux d’ici là. Il croise une charmante jeune fille et tente d'en tomber amoureux durant la journée. Cela l'empêche de profiter des choses qui lui arrivent. Il regarde tout le temps sa montre et abrége toutes les activités avec elle. Il gobe sa glace, sort de la salle de cinéma avant la fin du film.
Finalement le soir, au restaurant, on voit que la fille est triste et déçue tandis que l'homme ne pense plus à sa montre mais uniquement à elle, essayant de la faire sourire. Pourtant, il est trop tard et à minuit, alors qu'il souhaite l'embrasser, la fille est toujours triste. Elle n'est pas amoureuse et sa tête explose.
On peut voir ce court-métrage comme une métaphore d’une relation à sens unique, où seul l’un des deux partenaires cherche son plaisir. L’homme était concentré sur son plaisir et la fille s’est senti utilisée. Elle ne peut alors tomber amoureuse et est l'objet de l'amour de l'autre.
On peut aussi interpréter cela comme la nécessité d’être deux en amour pour qu’il perdure.
Enfin, une autre interprétation est sur le temps. On peut voir que le temps a été un facteur contre leur amour. Les relations avec les autres doivent être construites et non pas juste offertes. L’homme n’a pas donné de son temps à la fille, l'empêchant de s’attacher à lui. À l'inverse, l'homme a reçu la patience de la femme, lui permettant de s'attacher
Crédit : Mark Chee & 4LUV Productions
Alight
Alight
En dessous de la vidéo dans la section commentaire, j'ai trouvé ce message qui résume d'une très belle façon l'histoire:
Once upon a time, a drop of water fell upon the newborn earth. It was gentle and quiet, preferring to create life. Soon, it was joined by a bout of flame, which enjoyed life as it came and wished for nothing more than to live. Although the flame was gentle, it could not touch what gave life. Yet the two longed to touch, although they knew it would destroy the other. But their lives were too short; for water was not able to protect itself as a product of famine and infestation arrived. It crushed water like a giant crushed an ant, and the bout of flame could only watch as his companion, whom he never could touch, disappeared. The flame was filled with a rage so great that everything burned in fury. The flame destroyed the infestation and the machine, purging the world of it and ultimately destroying itself in the process. From the ashes rose a new being, created from death and destruction. It was a primal beast, but the flames were not harsh against it. Instead they gave it the warmth and gentle caress of life, giving it the strength to move and speak. Water, which was never destroyed to begin with, kissed the creature and gave the intelligence and mercy to make it kind. When the water touched the flames, they did not feel harm. They did not disappear, nor did they destroy one another. Instead, they became one.? crédit Mooneater 8044
Dans cette vidéo se rencontrent le feu et l'eau. On peut associer à l'eau la douceur maternelle et au feu, la fureur et l'énergie masculine.
L’un est le total opposé de l’autre. En se touchant, les deux se font du mal, consumant les deux êtres en mêmes temps. Le calme de l’eau s’oppose à l’hyperactivité du feu. Puis, le feu s’envole vers le château alors que l’eau disparait sous terre.
Et pourtant quelque chose relie les deux. L’eau finit par descendre du ciel et le feu remonter des profondeurs. Sous leur forme humanoïde, le feu et l’eau essaye et ressaye de se toucher.
Ici, on peut voir le feu comme un élément de mort, celui autour de qui tout meurt. De l’autre coté, l’eau est souvent associée à la vie. A la fin, c’est d’ailleurs l’eau qui permet de constituer la pièce mécanique de chair. Ainsi, le couple des deux humanoïdes est comme Eros et Thanatos, contradictoires mais complémentaires.
A cela s'ajoute un troisième élément : il s'agit du château qui s'érige. Il pourrait être associé au cadre dans lequel évoluent les deux éléments, autant le cadre naturel que le cadre artificiel.
Quand les trois éléments se combinent et l’homme est créé. Notons l’ordre d’ajout : d’abord la structure qui donne le mouvement à l’homme, qui est une coquille sans âme. Le feu permet de doter la machine de muscles et donc de la rendre indépendante et libre de ses mouvements, cela correspond au « feu qui nous anime ». Finalement l’eau permet d’adoucir le résultat, le rendant aimable et fragile. Ils s’ajoutent et forment un solide non moins éphémère.
Ainsi, en gardant en tête la relation feu/eau Eros/Thanatos, on voit que l’homme est animé par une pulsion de vie et une pulsion de mort et que la coexistence entre les deux permet de rendre la machine humaine fonctionnelle.
En dernier point, force est de constater que la musique correspond totalement à la scène. Composée par Neil Bly, la douceur des notes qui se succèdent n'est pas sans rappeler le travail de Pedro Elias et ses "Whispers from a Distant Past" (notamment le chuchotement 6 ou 3). On voit en cela que la musique cherche à nous montrer le caractère originel, montrant la création, du court métrage.
Crédit: Jason Keyser
CHILDREN
Children
Children est un court métrage de Takuya Okada très sombre et déconcertant.
On assiste à la description d'une société où les élèves sont notés selon leur conformisme. L'individualité n'y est pas permise. Tout doit correspondre aux cases ou mourir, comme le chien qui ne respecte pas les horaires du train et se fait tous les jours renverser.
On suit nr 4483, un élève, qui un jour ne souhaite plus rester dans les cases. Il force alors le zip qui bloquait sa bouche et réussit enfin à s'exprimer. Les autres élèves le suivent et s'ensuit une révolte générale. Finalement, 4483 réussit à sauver le chien en l'interceptant avant que le train ne le heurte.
Tout le long, on est accompagné par une musique de pompe funèbre. La vidéo se termine sur un fou rire de l'enfant qui trahit la réussite à s'individualiser et à destructurer l'ordre qui était imposé. Celui-ci est souligné par l'arrêt de la musique.
Crédit : Takuya Okada
Pinched - Animated Short
Pinched
Pinched est une animation présentant la maladie mentale d'un pickpocket. Ce dernier erre dans le métro pour voler les passagers et avoir de quoi se payer à boire. Un jour, il vole par hasard son ex petite amie et les souvenirs d’elle lui reviennent à l’esprit. Il cherche alors à la retrouver dans le bar qu’elle fréquente habituellement. Pourtant, pour y arriver, il doit combattre en premier lieu ses démons.
Le héro est en effet soumis à une forme de schizophrénie. Son rapport au monde est perturbé, il voit apparaitre des monstres, discute avec des amis imaginaires... Il n’est pas toujours maître de ses mouvements. Une sorte d’esprit démoniaque le contrôle. Cet esprit lui donne une force surhumaine, comme quand il escalade un building en sautant de mur en mur. La présentation de ces forces mentales est à mon sens très bien faite. On montre par exemple l’esprit qui contrôle ses gestes en possession d’une poupée vaudou à l’effigie du protagoniste.
En ce qui concerne l’amour, une très belle image est présente dès le début. On voit l’ancienne copine du héro qui rêve d’un briquet qu’elle utilise pour allumer une bougie. On peut voir en cela une image d’une construction mutuelle de l’amour dans leur couple où l’homme a offert de quoi le créer et la femme l’a installé. Néanmoins les bêtises du protagoniste sont matérialisées par son action d’éteindre le briquet qui a alors éteint la flamme chez la femme.
Une autre belle image est présentée à la fin, quand, la fille décide de redonner une chance au personnage principal. Celui-ci a réussi à se débarrasser de certains de ses problèmes (le singe) mais sa schizophrénie, i.e. sa vision déformée du monde, n’a pu être guérie que par l’aide d’autrui.
Crédit : David Vandervoort
In a Heartbeat - Animated Short Film
In a Heartbeat
In a Heartbeat est une animation de 2017 qui fit beaucoup de bruit : en moins d'une semaine, la vidéo était déjà visionnée plus de 20 millions de fois.
Ode à la liberté amoureux pour les personnes appartenant au groupe des LGBT, elle rappelle à tout à chacun que celles-ci sont des personnes normales, sensibles et délicates, qu'il faut traiter de la même façon.
La vidéo nous montre un jeune garçon qui, allant à l'école, tombe sur son "crush". Il n'arrive pas à retenir son coeur qui, au sens propre, tente de sortir et d'échapper au garçon, afin d'aller à la rencontre du deuxième jeune homme.
La douceur des images et de la musique nous montre comment l'amour entre deux personnes du même genre est strictement identique à celui de personnes hétérosexuelles.
Crédit : Beth David and Esteban Bravo
"Being Pretty" | Dystopian Animated Short Film (2017)
Being Pretty
Being Pretty présente une dystopie, une société aux antipodes d’une utopie. La vidéo montre une famille en train de regarder une publicité, soulignant les vertus d’une vie « pretty ». Les individus beaux sont ceux qui respectent un mode de vie conformiste où, par exemple, le père travaille docilement et la femme range la maison. Les enfants eux doivent devenir comme eux, et repousser les « uglys », les personnes qui ne rentrent pas dans le cercle. On voit alors une fosse où les moches sont jetés : handicapés, malades, personnes malheureuses, ces individus ne rentrent pas dans les codes prédéfinis et sont jetés comme des déchets par des robots humanoïdes qui ont l’air de diriger le monde. Pourtant, on remarque qu’en dépit de l’étiquette collée sur eux, rien ne les distingue des beaux.
En ce sens, la vidéo peut être rapprochée du film Matrix, où des robots contrôlent aussi le monde.
L’un des objectifs de la vidéo est de montrer que certains codes d’une société peuvent ne pas être éthiques mais simplement fonctionnels pour ceux qui la dirige. L’homme se doit de réfléchir à ses actes et de prêter attention aux infirmations qu’on lui présente comme dogmatique.
Crédit : David James Armsby
A contribué à l'article :
Cornelius
Date de dernière mise à jour : 19/09/2017
Ajouter un commentaire